Le grand orgue de Notre-Dame : aperçu d'une longue histoire
La première mention d’un orgue dans l’église Notre-Dame de Beaune date du début du XVe siècle ; par la suite, vers 1450, un deuxième orgue est construit par Jehannin du Mex, facteur à Dijon. En 1548, le chanoine Jean de Bessey commande un nouvel orgue dont la construction est réalisée par G. Barjonneaul de La Rochelle.
S’en suivra, presque un siècle plus tard, à partir de 1635, une nouvelle reconstruction initiée par Jean d’Herville à qui il est demandé de conserver les éléments de l’ancien buffet. Le positif est alors incorporé dans le soubassement de l'instrument, selon une habitude bourguignonne. L’orgue subit ensuite diverses reprises.
En 1687-88, Jean Treuillot, outre les importantes réparations qu'il effectue, dote l'orgue d’un positif de dos dont le buffet est réalisé par des menuisiers beaunois. L'orgue est alors porté à 29 jeux, 4 claviers et pédalier.
Un des deux écus situés
de part et d'autre de la console
© S.Tissier
Portrait de la famille de K.-J. Riepp (Pierre Morlot, 1766)
Reproduction, placée à droite de la console, de la toile originale
du musée de l'Abbaye d'Ottobeuren (Allemagne)
Selon P. M. Guéritey, Karl-Joseph Riepp est en haut à gauche, entouré de ses deux filles ; Madame Riepp est assise devant, et le peintre s'est représenté sur la droite. Une autre attribution, admise à Ottobeuren où Riepp est né en 1710, donne Riepp sur la droite.
En l'absence de consensus, on peut se référer au portrait de Riepp présent dans la cathédrale de Dijon pour connaître les traits de cet organier.
© B. Valeur
En 1753, le chapitre passe un marché avec l’éminent facteur d’orgues, Karl-Joseph Riepp pour une nouvelle reconstruction. Riepp, né en Allemagne, s’est implanté en Bourgogne. Installé à Dijon dès 1743, il est propriétaire de vignobles dans la côte de Nuits et également marchand de vin. Riepp refait à neuf la plupart des jeux de l’orgue de Beaune et porte l’instrument à 51 notes, 37 jeux, 4 claviers et pédalier.
Notons qu’antérieurement, Karl-Joseph et son frère avaient construit le nouvel orgue de Saint-Bénigne à Dijon (parmi les nombreuses orgues signées Riepp). À Dijon, Karl-Joseph avait lui-même dessiné les buffets en chêne de cet orgue destiné à la récente tribune élevée au fond de la nef. En revanche, à Beaune, il intervient sur un orgue existant et réutilise les éléments de l’ancien buffet.
Plusieurs relevages par Joseph Rabiny (neveu de Riepp) et François Callinet ont lieu à la veille de la Révolution. Joseph Rabiny a travaillé avec son fils Grégoire qui a témoigné de sa contribution en gravant les bases dorées des deux claire-voies situées au-dessus de la console, de part et d'autre de cette dernière. L'une des claire-voies est reproduite ici, et l'autre l'est dans la partie consacrée au buffet.
De mars 1794 à 1799, l’église est transformée en Temple de la Raison. L’orgue sert alors à jouer ou à accompagner des airs patriotiques lors de réunion décadaires, comme après la célébration des mariages ; l'instrument est ainsi préservé et l’organiste d'alors, J. Morisset, est confirmé dans ses fonctions.
© É. Bardez
Claire-voie située à droite de la console dont la base
en bois doré porte l'inscription gravée :
"RABINY fils facteur d'orgues du règne de M. Morisset organiste 1786". Sous le mot "facteur" est gravé Joseph.
Tuyau construit par Barker, portant l'inscription :
"Cet orgue a été restauré par Barker qui est l'auteur de l'incendie du Grand Orgue de St-Eustache de Paris le 14 Xbre 1844 et par Verschneider qui avait incendié un orgue à Amiens."
© Les Orgues de Beaune
En 1865, ce sont Barker et Verschneider, mis en concurrence avec Cavaillé-Coll, qui se voient attribuer les travaux de restauration devenus indispensables. Ces organiers conservent une partie des tuyaux de Riepp, les sommiers, ainsi que le positif de dos.
Les tuyaux de ce dernier seront cependant enlevés lors de la reconstruction due à Jean-Baptiste Ghys en 1895-96, qui est dans l'obligation de refaire tout le mécanisme et les sommiers après les travaux de restauration de la façade de l’église.
En 1955, quelques transformations nécessaires sont effectuées par la maison Merklin et Kuhn, et l’orgue est alors inauguré par Marcel Dupré. Il comporte à cette époque 56 notes et 36 jeux, 3 claviers et le pédalier.
En 1985, il ne reste presque rien de l’orgue ancien, à part le buffet et quelques 750 tuyaux, classés monuments historiques en 1944 et en 1978, respectivement.
La restauration de Barthélémy Formentelli conjugue la reconstruction de l’orgue de Riepp tel qu’il était au XVIIIe siècle et le maintien du quatrième clavier romantique, d’où l’extension à 56 notes. Les tuyauteries de Riepp et de Barker sont ainsi réutilisées (756 tuyaux précisément), de nouveaux jeux sont ajoutés, tous les sommiers sont reconstruits, ainsi que le positif de dos reconstitué.
L’orgue avec 51 jeux, 4 claviers et le pédalier revient à Beaune le 21 juin 1988 (jour de la fête de la musique) et est inauguré par Marie-Claire Alain le 3 décembre 1988.
Marcel Dupré à Meudon,1957
Collection particulière
B. Formentelli
avec H. Moine
(maire de Beaune
en 1988)
Collection particulière
Inauguration de l'orgue
3 décembre 1988
Michel Tissier et Marie-Claire Alain
à la console de l'orgue de la basilique N.-D. de Beaune
Collection particulière
Michel Tissier, Marie-Claire Alain
et Barthélémy Formentelli
Collection particulière